En 1964, un quartier populaire au pied du pont Victoria, que l’on pourrait localisé aujourd’hui dans un secteur de Pointe-Saint-Charles, « est emporté par le vent de modernisation qui souffle sur Montréal. [Tout] est rasé dans le cadre d’un projet de rénovation urbaine, avec un oeil sur les besoins éventuels d’Expo 671. »

Ce quartier était associé à plusieurs surnoms, mais aucun ne semble faire l’unanimité : Goose Village, Village-aux-Oies, Victoriatown, Villaggio; autant de désignations pour relater autant de subtilités au coeur de l’histoire. En 2012, une exposition du Centre d’histoire de Montréal traitait, entre autres, du sujet.

« À propos de l’appellation dominante, Goose Village, personne ne s’entend vraiment quant à son origine. Selon le mythe populaire, il a deux hypothèses. La première fait référence à un territoire qui était utilisé par les autochtones pendant très longtemps pour la chasse aux outardes. Aujourd’hui, on peut difficilement le concevoir, car il y a eu énormément de remblayage au moment de construire l’autoroute Bonaventure. Si l’on retourne en arrière, il faut imaginer que l’on voyait des grèves qui descendaient tranquillement vers le fleuve et qu’il y avait des battures. C’est un endroit où les oiseaux s’arrêtaient pour se nourrir en revenant ou en allant vers le sud.

[…] L’autre origine serait liée aux “Soeurs Grises” à qui appartenaient les terrains à une époque. Pendant un certain nombre d’années, elles auraient élevé des oies. Dans tous les cas, c’est très difficile de savoir à quel moment le nom est apparu.

[…] On a aussi réalisé qu’il y avait le nom Victoriatown. Ce dernier fait évidemment référence à la reine Victoria, qui elle-même a donné le nom au pont. À partir du moment où l’on entreprend la construction du pont [1854-59], les ouvriers qui viennent pour la majorité de l’Irlande vont s’installer dans d’anciens baraquements situés non loin. Ces installations avaient initialement servi aux immigrants, de même origine, lors des quarantaines obligatoires [1847-1848] pour contrer l’épidémie de typhus.

[…] Finalement, quand le secteur a été démoli, au début des années 60, un peu plus de 50 % de la population était d’origine italienne et, généralement, de première génération, ce qui colorait le voisinage. Des quelque 6000 photographies que j’ai regardées pour faire l’exposition, c’est le seul endroit où j’ai vu une pizzeria. On était au début des années 60 à Montréal… Ça ne serait pas le cas aujourd’hui! C’est l’imprégnation de cette communauté dans le quartier qui a mené à une italianisation du surnom en Villaggio2. »

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AUDIO

Entrevue réalisée auprès de Catherine Charlebois, muséologue au Centre d’histoire de Montréal.

Les jardins de Goose Village

Le contexte de démolition

Le sentiment d’appartenance


 

CARTE DÉTAILLÉE


 

BIBLIOGRAPHIE & NOTES

1 Catherine Charlebois et Paul-André Linteau, Quartiers disparus : Red Light, Faubourg à M’lasse, Goose Village (Montréal : Éditions Cardinal), 2014.

2 Catherine Charlebois (muséologue au Centre d’histoire de Montréal), entrevue, propos recueillis par l’artiste.

* Catherine Charlebois a faire revivre le Goose Village le temps d’une exposition portant sur les Quartiers disparus (2012).


 

IMAGES

1. Archives de la ville de Montréal. VM94-C270-0029.

2. Archives de la ville de Montréal. VM94-C270-1114.

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