« Pourquoi depuis une vingtaine d’années ce nom a-t-il été réapproprié pour la promotion de Montréal ? C’est intéressant parce que les Montréalais eux-mêmes ne semblent pas partager autant cette perception. Par contre, dans les réseaux internationaux, c’est une image très forte : “La Rome d’Amérique!”1 »

« En plus des passionnés d’architecture et de patrimoine, il y a aussi ce qu’on appelle le tourisme de pèlerinage qui est très important. C’est 1.5 million de visiteurs par année pour Montréal seulement. On a qu’à penser à l’oratoire Saint-Joseph ou à la basilique Notre-Dame, ce sont des lieux extrêmement achalandés.

[…] Quant à l’origine de l’expression, on fait toujours allusion à l’écrivain Mark Twain dans la mesure où il avait dit qu’à Montréal, “on ne peut lancer une pierre sans risquer de briser un carreau d’église.” Toutefois, l’évolution de la formule vers “la ville aux cent clochers” n’a pas d’attribution claire. Et, ce n’est pas la seule ville dans le monde qu’on appelle comme ça.

[…] Si l’on regarde du côté de la France, il y a Rouen et Poitiers, qui sont toujours appelées de cette façon. Alors que si l’on se concentre sur l’Amérique, c’est quand même particulier à Montréal. La célèbre phrase de Mark Twain représente davantage une prise de conscience de la proximité des églises les unes par rapport aux autres. Il avait prononcé ces paroles à l’hôtel Windsor [1881] d’où il pouvait voir environ sept clochers qui se faisaient concurrence.

[…] Montréal est une ville qui a gagné de la hauteur donc cette vision des clochers est beaucoup moins perceptible aujourd’hui, mais à vol d’oiseau, ces repères ressortent encore.

[…] Historiquement, il y a plusieurs raisons qui expliquent la présence d’autant de clochers dans la ville. Par exemple, dès le XVIIIe siècle, surtout après la Conquête, Montréal va vite devenir un lieu de compétition entre les protestants et les catholiques. Cette rivalité se manifestera par l’érection d’édifices qui symbolisent une course à la présence monumentale dans la ville.

[…] On parle d’approximativement 480 églises à Montréal, c’est énorme! Et, je ne compte pas celles construites après 1975 par les nouvelles communautés, particulièrement celles issues de l’immigration. D’ailleurs, il y a une soixantaine de lieux de culte sur l’île qui ont été rachetés par des communautés avec des confessions religieuses assez variées, parce qu’elles ont besoin de locaux. Ce sont elles, qui, dans certains cas, prennent le relais dans l’utilisation et la conservation de ces bâtiments.

[…] Finalement, comment peut-on se servir de l’image “Montréal, ville aux cent clochers” pour générer des projets en vue de la protection du patrimoine religieux? Ce sont des lieux qui ont quelque chose à offrir, du point de vue du sens, du point de la culture et surtout comme lieu de rassemblement. Il ne faut pas oublier le rôle communautaire qu’ils ont joué à travers le temps2. »

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AUDIO

Entrevue réalisée auprès de M. Denis Boucher, conseiller en patrimoine culturel au Conseil du patrimoine religieux du Québec.

La colonisation de Montréal

Les Sulpiciens et Mgr Bourget

XXe siècle, partie 1 : une vague d’églises modernes

XXe siècle, partie 2 : création du conseil du patrimoine religieux du Québec


 

BIBLIOGRAPHIE & NOTES

1 Denis Boucher (conseiller en patrimoine culturel au Conseil du patrimoine religieux du Québec), entrevue, propos recueillis par l’artiste.

2 Ibid.

Autre source consultée : Colette Godin, Jean-François Leclerc et Centre d’histoire de MontréalMontréal, la ville aux cent clochers : regards des Montréalais sur leurs lieux de culte (Saint-Laurent : Fides, 2002).

* Au début 2016, le Conseil du patrimoine religieux du Québec a organisé une série de trois conférences-causeries La ville aux cent clochers : quelles opportunités pour Montréal?


 

IMAGE

1. Pointe-à-Callière, Musée d’archéologie et d’histoire de Montréal.

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